vendredi 24 février 2012

LE LIBRE-ECHANGE EST-IL TOUJOURS SOUHAITABLE ?

Pour pouvoir répondre à la question que soulève le libre échange, il faut d'abord définir celui-ci ainsi que le terme qui si oppose le protectionnisme.

Le libre-échange est donc une situation dans laquelle les transactions commerciales ne sont pas soumises à des restrictions volontaires. Cela a impliqué l’élimination progressive des barrières douanières sur les produits manufacturés et la libéralisation progressive des échanges de produits agricoles et des services. Ce mouvement va donc dans le sens du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), devenue OMC (Organisation Mondial du Commerce) en 1994

Cette politique économique s'oppose au protectionnisme qui favorise la production industrielle ou agricole nationale par l'intermédiaire de contingents d'importation ou d'autres réglementations qui font obstacle à la circulation transfrontalière de marchandises.

Etre pour ou contre le libre-échange dépend des convictions de chacun mais le problème est de savoir s’il est favorable pour tous. Je tenterais de répondre à cette question en traitant dans une première partit du libre-échange et dans une seconde du protectionnisme.


LE LIBRE-ECHANGE


La mondialisation est le développement des échanges de biens et de services, la migration des hommes et des capitaux. Cette mondialisation est-elle bénéfique pour tous ?

La théorie économique traditionnelle propose des explications de l’échange international qui reposent sur les différences de dotations en facteurs de production (travail abondant et peu cher par exemple) ou sur les différences de techniques.

Cette théorie montre les effets bénéfiques de la spécialisation internationale et donc du libre-échange.
Pour Ricardo, il suffit d’un avantage relatif, c’est-à-dire que si un pays a des coûts élevés dans tous les secteurs, il se spécialisera dans le secteur où il est le moins mauvais, ou encore si le pays est efficace partout, il va se spécialiser dans le domaine où il a le plus d’avance.

Prenons l’exemple de l’Arabie Saoudite où le pétrole est abondant. C’est un domaine où ils ont le plus d’avance, ainsi l’échange sera possible avec les pays riches et l’entrée de capitaux en Arabie serra fructueux. Ils pourront donc augmenter leur production et se développer.

Donc chaque pays se spécialise dans le produit où sa productivité relative est la plus élevée, ainsi la production mondiale augmentera. Plus la demande d'exportations provenant d'un pays est forte par rapport à sa demande d'importations, plus ce pays tire des bénéfices du libre-échange.

La théorie de Ricardo est appuyée par le théorème d’HOS qui montre l’origine des avantages comparatifs. Les pays sont inégalement dotés en facteurs de production. Or, un facteur abondant est bon marché et un facteur rare est cher. Comme pour le pétrole provenant des pays arabes, celui-ci étant un produit rare, il pourra se vendre cher. Les prix des produits dépendent de leurs coûts de production mais aussi de la rareté (quantités offertes par rapport à celles demandées).

L’analyse libérale insiste donc sur les avantages du commerce international qui conduit à une hausse de production de tous les pays

Le libre-échange favorise leurs conditions de vie grâce à l’entrée des capitaux étrangers, à l’achat de produits qui leur manquent. Ils pourront ainsi atteindre un certain développement qui améliorera le niveau de vie de la population.

Un marché intérieur limité bloque l’économie nationale, tandis que le commerce international représente des débouchés suffisamment importants pour les permettre.

La libéralisation des échanges permettra une hausse de la production étrangère. L’entrée de devises grâce aux exportations renforcera la richesse du pays. Grâce au libre-échange, chaque pays peut accroître ses richesses en exportant sa production aux tarifs les plus bas et en achetant des biens produits ailleurs à bon marché.

Les importations stimulent aussi la croissance des pays pauvres, les importations s’accompagnent de transferts de technologies. Les importations de biens d’équipement, de techniques avancées, permettent de moderniser l’appareil productif et de réaliser des gains de productivité, cela évite d’effectuer des dépenses de recherche et développement que certaines économies ne peuvent pas prendre en charge.

Les pays riches accompagnent leurs ouvertures extérieures d’une aide aux pays pauvres.

Nous pouvons nous appuyer sur l’exemple de l’Afrique. L’investissement dans la construction de centres médicaux, d’hôpitaux améliorent la santé dans ces pays. Grâce aux importations des pays riches, les pays d'Afrique peuvent acheter des médicaments.



LE PROTECTIONNISME


Se protéger est, pour la collectivité, un souci aussi élémentaire que le boire et le manger pour l’individu. Il ne s’agit pas seulement de survie matérielle, mais du maintien d’une identité. Toutefois, un autre souci détermine notre conduite, celui de vivre mieux, qui pousse à commercer avec autrui en bénéficiant de ses talents. La combinaison des deux soucis fonde cette politique de compromis qu’on appelle le protectionnisme. L’intervention des pouvoirs publics manifeste les fondements du protectionnisme à un moment donné. Ces derniers ne restent pas toujours les mêmes, et les différents secteurs de l’activité ne requièrent pas non plus la même protection : ainsi, l’agriculture bénéficie le plus souvent d’un traitement spécial.

Le libre-échange conduirait donc à la disparition des secteurs qui ne marchent pas bien ou qui ont des faiblesses. Il est nécessaire pour assurer l’emploi et l’indépendance du pays, de pratiquer une protection. Le protectionnisme est souvent perçu comme un moyen d'accroître l'emploi. La réduction des importations stimule la demande de produits de remplacement nationaux et entraîne une augmentation de la production à l'intérieur des frontières.

Les pays en retard, comme certains pays pauvres, ne sont aptes à supporter la concurrence internationale. Il est préférable d’avoir recours au protectionnisme pendant un temps limité pour ne pas mettre cette industrie en faillite du fait de la concurrence de pays qui produisent de façons plus perfectionnées et en utilisant moins de personnel. La réduction ou la suppression de la concurrence étrangère au moyen de barrières douanières permet à l'industrie nationale de se développer rapidement. Une fois complet, ce développement devrait entraîner une levée du protectionnisme puisque les entreprises nationales devraient théoriquement être en mesure de concurrencer les industries étrangères.

L’économie nationale ne doit alors importer aux prix les plus faibles que ce qu’elle est incapable de produire et doit exporter le plus possible à prix élevé.

Continuons dans les contraintes et voyons que le libre-échange est la plupart du temps réclamé par les pays en avance au détriment des retardataires ce qui bien sûr crée de nombreux inconvénients pour certains pays pauvres qui sont en voie de développement et qui peuvent voir leurs prix baisser si la demande stagne ou si les marchés sont organisés par des firmes de pays développés en position d’oligopsone : peu d’acheteurs, de nombreux vendeurs que les premiers mettent en concurrence pour baisser les prix comme dans l’agriculture. Le secteur agricole en Afrique n’est pas un secteur très rentable lors des échanges de produits manufacturés européens. Une spécialisation dans ce secteur, comme le veut la théorie libre-échangiste (les terres étant les seules richesses de ces pays), renforce la pauvreté.

Le libre-échange n’est donc pas toujours favorable aux pays pauvres. Ce sont les pays en développement qui sont dépendants des pays riches. L’argent ainsi obtenu ne leur permet pas d’acheter des produits à forte valeur ajoutée d’où le recours l’endettement. Ils doivent continuellement rembourser des taux d’intérêt prohibitifs et ne peuvent assurer la vie de leur pays. Il ne reste donc pas grand chose à consacrer à l’achat des produits importés nécessaires au développement.

Le poids de la dette permet aux pays riches d’exercer un chantage pour imposer la pensée unique sur le libre-échange puisque les pays pauvres ont du mal à rembourser ce qu’ils doivent.

Il faut dire que derrière le mot « libre-échange » se cache des inégalités : les taxes douanières sont peu élevées pour les produits manufacturés mais davantage pour les produits agricoles et les services : les pays développés protègent les secteurs où ils ont peur de la concurrence et libèrent ceux où ils sont en avance.

Ainsi donc, de plus en plus les pays pauvres ont du mal à échanger avec les pays riches et les pactes de libre-échange ne sont pas très favorables pour eux puisqu’ils sont endettés et que les droits de douane leur sont défavorables.


CONCLUSION


Le problème est que de nos jours, nous évoluons dans un monde où les pays sont interdépendants les uns par rapport aux autres.

Les partisans du libre-échange n’y voient que des avantages pour tous, la production mondiale devant augmenter par ces échanges, les protectionnistes craignent, au contraire, un approfondissement des écarts de développement et par le blocage des pays les plus pauvres.

Prendre partie pour l'un ou l'autre n'est donc pas facile car chacun de ces systèmes a du bon comme du mauvais. Il faut donc essayer de trouver un juste équilibre entre les deux.

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