dimanche 6 janvier 2013

Le rôle du leadership lors d’un changement organisationnel


Le rôle du leadership lors d’un changement organisationnel est très important. Ce rôle est souvent tenu par un membre haut placé de l’organisation lorsque ce changement organisationnel touche l’intégralité de la structure.

Un rachat par un groupe de plus grande taille est un changement organisationnel important. Lors de ce rachat tous les systèmes de valeurs vont changer. L’entreprise rachetée va se retrouver en position d’infériorité dans une structure n’ayant plus taille humaine.

L’importance que détenait chaque acteur, est alors amoindrie, chacun devant se repositionner dans une nouvelle structure qui souhaite les intégrer.

Le rôle du leader de la structure absorbée est alors primordial car il sera le relais entre l’entreprise rachetée et l’entreprise effectuant ce rachat. Ce rôle est d’autant plus important que lui-même en temps que dirigeant de l’ancienne entreprise voit son autorité amoindrie car il n’est plus à ce moment là au sommet de la hiérarchie.

L’entreprise acquéreuse doit tout faire pour que l’autorité de ce leader reste intacte tout en intégrant le fait qu’il dépend maintenant lui-même d’une autorité supérieure.

La difficulté réside dans le fait que les équipes en place est le sentiment qu’elles peuvent continuer leurs activités normalement tout en intégrant de nouvelle procédure qui vont les amener à s’harmoniser avec l’ensemble du groupe.

Il faut parfois être amené à se poser plusieurs questions lors d’un rachat d’entreprise et il apparaît comme indispensable de pouvoir y répondre pour réussir ce changement organisationnel. Ces dernières sont :

·         Quelle forme va avoir ce changement organisationnel ?
·         Comment va être appréhendé ce changement ?
·         Quel sera le rôle du leader dans la gestion de ce changement pour sa réussite ?


Méthodologie

J’ai choisi d’interviewer Monsieur Nehalkhan car lors du rachat de la clinique dans laquelle il travaille, il a dû faire face à un changement de groupe passant d’un groupe moyen à un grand groupe avec une culture différente. La gestion de ce changement est d’autant plus compliquée que le groupe ne s’investit pas complètement dans ce changement. La politique lors de rachat est de laisser une autonomie aux cliniques ce qui doit leur permettre de mieux vivre le changement mais cela crée parfois des incompréhensions.

Monsieur Nehalkhan est le responsable informatique de la clinique depuis trois années. Lors de son arrivée dans cette clinique aucun service informatique n’existait. Toute la gestion du parc et du réseau était tenue par des prestataires extérieurs. Il a dû créer son poste au sein de la clinique, ce qui met encore plus en évidence la difficulté qu’il aurait pu éprouver lors du rachat par un groupe qui a instauré une charte de procédure bien défini.

Le rôle de Monsieur Nehalkhan a été très important dans ce changement organisationnel car en plus d’être un support technique pour l’harmonisation des informations et des données, il a servi de relais dans la communication pour diffuser la nouvelle culture et les informations venant du groupe.

               J’ai choisi d’interviewer Monsieur Nehalkhan, responsable informatique car son parcours vécu au sein de la clinique me paraissait intéressant. Son parcours allant de sa propre création de poste où il a fallu s’imposer jusqu’au rôle de relais de sa hiérarchie dans ce rachat. Le poste de responsable informatique me parait de surcroît intéressant dans l’analyse de changement organisationnel car ce secteur est en mouvement permanent et la conduite de changement organisationnel imposé par le groupe se ressent encore un an après à travers un changement d’ I.R.P. qui conduit à changer l’ensemble du progiciel de travail pour être en harmonie avec le groupe. Le changement est encore présent dans ce domaine, qui en est le reflet le plus visible et le plus actuel.

Il me paraissait, à cette égard intéressant de l’interviewé car il a vécu le changement stricte à la date officiel et continue de le vivre au quotidien.


1. Les différents types et styles de changement

La nature du changement a une importance primordiale dans la vision qu’on les personnes qui le vivent ou qui le subissent. Un rachat par un groupe plus important est un changement de taille, du fait que l’on intègre un organisme plus grand, la place que l’on occupait au préalable risque d’être minimisée. Cependant, le rachat peut aussi mettre en position de force car l’entreprise qui rachète va attendre beaucoup de celle rachetée, ce qui permet lors de l’intégration de cette dernière de s’imposer et d’imposer un certain nombre de ses volontés.


1.1. Typologie des changements en entreprise

La définition des différents types de changement fait référence à différents travaux qui partent de l’idée qu’un changement peut se définir en fonction de son intentionnalité et son rythme. L’intentionnalité oppose un changement déterminé par une transformation de l’environnement (changement imposé) à un changement résultant du choix des individus (changement volontaire). Le temps imparti pour la réalisation des changements représente le rythme. Il peut être brutal ou progressif.

               L’action de conduite du changement doit tenir compte de ce rythme. La rencontre des axes progressif/brutal et impose/volontaire permet d’identifier quatre types de changement :




Progressif

Changement prescrit

ü  Réponse à des contraintes de l’environnement (réglementaire, technologique, etc.)
ü  12 à 36 mois
ü  Projet An 2000, euro, 35 heures

Changement construit

ü  Evolutions de l’organisation qui amènent à changer les manières dont les acteurs se représentent leur entreprise
ü  1 à 10 ans
ü  culture client, qualité, processus


Brutal

Changement de crise

ü  Solution a un dysfonctionnement
ü  1 jour à 3 mois
ü  Accident, grève, plaintes de clients

Changement adaptatif

ü  Transformation des pratiques et de l’organisation
ü  6 à 18 mois
ü  Nouvel outil informatique, compétences commerciales

Imposé
Volontaire

« Je trouve ces changements progressifs mais imposés. Dans la mesure où ces changements ne se sont pas fait du jour au lendemain au moment du rachat mais imposés car à aucun moment on nous a donné le choix ou même consulté pour ces changements. »

L’analyse du changement fait par cet acteur rentre tout à fait dans le cadre théorique qui définit les différentes typologies du changement. Elle correspond à l’axe Progressif/Imposé qui concerne les projets qui répondent à des contraintes de l’environnement sur un moyen terme (12 à 36 mois).

               En tant qu’acteur faisant partie de l’organisme racheté, on peut comprendre l’axe « imposé » qui correspond à une contrainte de l’environnement extérieur. Ce changement n’est pas voulu par l’acteur lui-même, il lui est imposé par sa direction.

               Cependant, on ne peut pas dire que cet axe Progressif/Imposé soit le seul axe existant pendant le rachat, il s’agit d’un axe selon la vision d’un type d’acteur (responsable de service). Les autres axes sont aussi présent, par exemple la direction de la clinique rachetait se place dans l’axe Progressif/ Volontaire, il s’agit d’un changement construit qui montre la volonté d’évolution de l’organisation vers quelque chose de plus important.


1.2. Changement décidé ou subi

Dans la pratique du changement, il y a généralement deux acteurs différents, l’un qui décide le changement, l’autre qui le subit. Celui qui décide le changement a un objectif, une stratégie, il connaît le but. Par contre, celui qui subit cette situation n’a au départ aucun des éléments de perspective qui lui permette de se projeter dans le futur, de s’appuyer sur le connu pour envisager l’avenir, de trouver des repères.

« Je trouve ce changement peu collaboratif et plutôt directif. Il y a un manque de communication entre le siège et les établissements surtout au niveau des différents services qui sont rattachés en partie à la clinique elle-même et en partie au siège. Cette double direction s’oppose ou parfois se rejette les responsabilités au niveau des prises de décision, ce qui nous complique le travail quand il s’agit de projet important. »

Dans cette réponse, on voit le manque d’information fourni par le siége, l’acteur ne comprend pas la nouvelle façon de diriger et de repartir les tâches qu’a mis en place l’acquéreur. Ce manque de communication, et de vision stratégique chez l’acteur crée un effet de rejet de sa part. Rejet qui pourrait l’emmener à un blocage, si aucune communication verticale n’est mise en place.

               Cet effet est d’autant plus accentué, que l’acteur avant le rachat avait une totale autonomie dans ses prises de décision. Aujourd’hui, il est rattaché au siège qui ne lui donne pas d’explication. Cela soulève chez lui une contradiction ; doit-il continuer en toute autonomie alors qu’il fait partie d’un groupe ? Ou doit-il attendre des instructions aux risques que l’on lui reproche de ne pas être autonome ?


1.3. Accompagner le changement

Celui qui subit le changement se trouve dans une situation inconfortable, perte de ses repères habituels, adaptation à de nouvelles méthodes, à un environnement inconnu, acculturation nécessaire à de nouveaux métiers, à de nouveaux partenaires…

La conduite du changement oriente positivement les salariés vers l’avenir, la confiance pour éviter la démobilisation qui conduit parfois à des départs massifs ou à une perte de compétitivité notable.

Le changement mis en perspective, expliqué, accompagné, permet à l’entreprise ou à l’organisme de trouver une nouvelle dynamique autour de nouvelles structures, de nouveaux moyens, de nouvelles missions.

Le management du changement repose à la fois sur une vision stratégique et une méthode opérationnelle, toutes deux fondées sur la psychologie. La sous-estimation du facteur humain est la cause principale de l’échec en matière de changement.


« Il est vrai qu’avant le rachat par G.D.S., la clinique disposait d’une certaine autonomie, mais il ne faut pas oublier que celle-ci appartenait déjà à un groupe qui était HEXAGONE HOSPITALISATION, il y avait donc une certaine dépendance qui était présente. Toutefois, on constate aujourd’hui un certain manque de souplesse en matière de lancement de projet S.I. car tout est désormais centralisé et géré au niveau du siège, cela implique donc une validation avant toute initiative. »

On voit à travers ces quelques lignes, toutes les difficultés du rôle du leader dans la conduite du changement. Il se retrouve dans une situation inconfortable avec une centralisation des prises de décisions ce qui entraîne une perte des repères habituels et de pouvoir.

               Pour faire face à ce changement, il doit s’adapter à de nouvelle méthode le plus rapidement possible afin de remplir son rôle de leader auprès de son équipe. Il doit être le premier à accepter le changement pour montrer qu’il n’y a pas de difficulté et de réticence à avoir.

               En ce qui concerne le siège, on peut avoir la sensation qu’il dévalorise le travail des cliniques, en les obligeant à faire valider leurs projets, on est alors dans le problème de la sous estimation du facteur humain. Ce facteur est dû à la fonction du siège qui doit centraliser les projets et les valider mais sans tomber dans une dérive qui consisterait à tout contrôler.


1.4. Typologie des démarches de conduite du changement

               La conduite du changement analyse la capacité de l’organisation à se transformer, met en œuvre les leviers nécessaires à cette transformation et mesure les résultats. Différents styles de conduite de changement peuvent être envisagés en fonction de la typologie des changements. Les différents styles de conduite du changement sont selon Johnson et Scholes (1997) les suivantes :


·         Le style Education/Communication consiste à aller à la rencontre de tous les acteurs pour leur fournir les informations du changement et travailler avec eux sur les méthodes de travail impactées par ce changement. Ce changement est de type « adaptatif » (brutal/volontaire) et les missions de conduite du changement sont souvent réalisées par les grands cabinets de consultants.

·         Le style Collaboration/Participation a pour objectif d’expliquer le changement et de faire participer les acteurs à son déploiement. La collaboration se fait par une intégration du changement dans les pratiques quotidiennes des acteurs. Le type de changement est ici « construit » (progressif/volontaire). Le type d’acteurs qui réalise la mission sont les petits et moyens cabinets orientés psychologiques.

·         Le style Intervention concerne une contrainte de changement explicite. Il faut bâtir une démarche de réalisation du changement  tout en veillant à son acceptation. Une équipe projet définit une démarche et un groupe de travail propose et met en œuvre des solutions. Ce changement est de type « prescrit » (progressif/imposé) et les missions de conduite du changement sont souvent réalisées par les grands cabinets de consultant.

·         Le style Direction/Coercition amène une équipe restreinte à prendre en charge le problème à l’origine de la crise et qui propose une solution tenable le plus rapidement. Le commandement est centralisé et les apports extérieurs sont des avis d’experts. Ce changement est un changement de « crise » (brutal/imposé) mené par des équipes internes avec des spécialistes.

La mise en œuvre de ces styles de changement dépend du tissu culturel, composée de sept éléments : les routines, les mythes, les symboles, les structures de pouvoir, les structures organisationnelles, les systèmes de contrôle et le paradigme.




















         « Je trouve ce changement peu collaboratif et plutôt directif. Il y a un manque de communication entre le siège et les établissements surtout au niveau des différents services qui sont rattachés en partie à la clinique elle-même et en partie au siège. Cette double direction s’oppose ou parfois se rejette les responsabilités au niveau des prises de décision, ce qui nous complique le travail quand il s’agit de projet important. »

               Ici, on retrouve le style « intervention » avec l’axe Progressif/Imposé. Le style intervention est basé sur une démarche de réalisation du changement. Cette réalisation est très présente lors de rachat d’établissement. Lors d’un tel rachat, il est très important de bâtir un projet de conduite du changement pour intégrer le nouvel organisme au groupe.

               Dans le cas présent, l’existence de l’équipe de projet en est le reflet, équipe qui était souvent crée en fonction des différents services pour les rattacher individuellement au groupe mais étant toujours collectivement attaché à la clinique.

               Le rôle du leader est ici très important car il prend la place du cabinet de consultant dans le rôle de chef de projet et de vecteur de communication envers le reste des acteurs. Son rôle est donc central entre le personnel, la direction de la clinique et le groupe.




2. Comprendre le changement

Tout processus de changement implique des modifications irréversibles. Changer implique toujours la perte de quelque chose. Cette perte est d’autant plus facile à accepter que le changement ayant provoqué cette perte se rapproche de nos aspirations. Toutefois, même si le résultat induit par le processus de changement est conforme à l’effet recherché, il n’en reste pas moins que la perte de ce que nous avions pu provoquer des réactions contraires.

« Les changements dans les S.I. sont courants et sont donc devenus des formalités pour ma part. Mais cependant, les utilisateurs ont du mal à intégrer ce changement qui pour certain apparaît comme une régression dans l’utilisation. »

Dans le domaine informatique, les évolutions sont permanentes, les progiciels utilisés sont régulièrement remis à jours et modifié pour en simplifier l’utilisation. L’une des étapes importantes dans l’implication du groupe auprès des cliniques est le changement d’I.R.P. pour l’harmonisation de l’ensemble des établissements. Ce changement de progiciel entraîne des modifications de taille pour les différents services soignant et non soignant.

Au niveau du service S.I., le responsable ainsi que son équipe sont habitués à ces changements mais se retrouvent confrontés en tant que leader à titre personnel et en tant que service à préparer les autres membres de l’établissement à ce changement. Cette préparation passe par des formations théoriques et pratiques sur le nouveau progiciel mais passe essentiellement dans la communication de masse pour faire accepter le changement. Il faut que tout le monde comprenne l’utilité d’une telle harmonisation même si certain pense être pénalisé dans l’utilisation d’un logiciel qu’il trouve moins ergonomique que l’ancien.




2.1. Les cinq phases du changement (approche psychologique)

La durée de chaque étape du processus d’intégration dépend de notre attachement à ce qui veut être changé, appelé valence (terme psychologique expérimental qui désigne la valeur que nous attribuons à un objet ou à une situation et qui motive notre attirance ou notre répulsion) et de notre capacité de visualiser les résultats de ce changement.

L’intégration du changement qui représente la cinquième phase se pourra se faire que si les autres ont été déroulées. Le temps de chaque phase est différent en fonction des individus.


2.1.1. Le refus de comprendre

L’auteur la qualifie de réflexe. Cette phase est inéluctable car elle permet d’adapter la réalité de l’individu au résultat attendu. Elle est aussi primordiale car elle va conditionner la durée et la pénibilité du processus. Enfin elle est douloureuse car elle génère des incompréhensions de part et d’autre entre les pilotes et ceux qui doivent le vivre.


2.1.2. La résistance

Elle est souvent qualifiée d’innée, d’utile, nécessaire et pertinente. Elle est pertinente d’un point de vue psychologique car elle permet de verbaliser et donc de minimiser les frustrations et marque la personnalité de l’individu. Elle est pertinente d’un point de vue de l’éthique car certains changements peuvent s’avérer injustes et/ou malhonnêtes. Enfin elle est pertinente d’un point de vue humain car elle permet de réguler les abus de pouvoir et de domination statutaire et par conséquent d’éviter un autocratisme absolu. Elle se manifeste sous quatre formes non linéaires :


·         L’inertie : absence de réaction évidente de l’individu à l’annonce qui permet de gagner du temps et trouver des raisons pour ne pas accepter ce changement. Cette attitude est souvent révélée par la gestuelle.

·         L’argumentation : verbalisation de nos doutes et de nos réserves. Logique de négociation afin de faire reconnaître les inconvénients liés au changement et tenter de faire modifier le résultat en fonction de notre réalité. L’argumentation est un jeu dialectique qui peut prendre des proportions considérables si le pilote entre dans ce jeu.

·         La révolte : réaction forte qui s’installe quand l’argumentation n’a pas permis d’ajuster la réalité au changement proposé et que le pilote du projet de changement n’a pas su rendre ce changement acceptable par rapport à la réalité. Il existe deux formes de révolte, la première, la menace tactique, qui relève du bluff et qui induit une relation de pouvoir et une escalade des rapports de force, la seconde, la menace stratégique qui tente de faire échouer le changement par la démonstration rationnelle des conséquence socio-économique.

·         Le sabotage : réaction qui reflète une soumission apparente au premier abord et une révolte intense à faire échouer le processus.


2.1.3. La décompensation

Phase clé dans le processus de changement. Elle représente l’abandon de toute forme de résistance et de commencement du travail de deuil. La décompensation est plus ou moins forte en fonction de l’affectivité qui liait à ce qui va changer et en fonction de l’intensité de la résistance déployée pour mettre en échec ce changement. La fin de cette phase correspond à l’acceptation du changement comme un devoir de faire avec.




2.1.4. La résignation

Qualifié de démission devant les pressions personnelles ou environnementales. C’est la phase la plus longue du processus. Elle marque la fin du travail de deuil. Recherche des arguments rationnels, par rapport à la réalité, pour faire accepter les changements et les contours nouveaux d’une nouvelle réalité.


2.1.5. L’intégration

Qualifié d’acceptation totale du changement. Elle se passe en deux temps, l’intégration conceptuelle et l’intégration comportementale. Lors de l’intégration conceptuelle, il y a acceptation des raisons du changement et des résultats nouveaux qu’il va impliquer. Les habitudes restent cependant encore présentes. Lors de l’intégration comportementale, le comportement s’adapte à ce changement. Changement des habitudes, des attitudes et du langage. Cet ajustement se fait selon quatre schémas :

·         Le schéma de compensation : l’environnement interdit nos anciens comportements.

·         Le schéma de sublimation : rendre acceptable un comportement sous la pression de l’environnement.

·         Le schéma de résolution : changement du comportement car il devient insupportable.

·         Le schéma de progression : progression longue dont les résultats ne se perçoivent pas tout de suite.

La résistance et la résignation : « Ce sont deux étapes qui n’ont pas vraiment été marqué par des événements car il s’agissait du second rachat subi en peu de temps par un groupe de taille supérieure. La résistance apparaît plus dans le travail au quotidien sous la forme de réflexion « avant ce que l’on faisait été mieux, notre méthode était mieux ». Cette résistance n’est que verbale, dans peu de cas l’application des nouvelles procédures n’a été refusée, chacun comprend qu’il n’a pas le choix et qu’il faut appliquer les recommandations. »

La phase de résistance, ici présente, se caractérise par « l’argumentation ». Il s’agit d’une forme de résistance qui consiste à démontrer qu’avant le changement, les méthodes utilisées étaient mieux. Phase de remise en question de ses propres méthodes de travail. Cette phase est souvent présente longtemps à petite échelle car même si le changement global a été accepté, au niveau du travail quotidien, sur certain point précis, cette phase réapparaît rapidement avec une remise en question des nouvelles procédures. Phase souvent présente chez les personnes qui ont peur du changement, qui ont peur de perdre leur statut.

« On passe aujourd’hui plutôt dans la phase de résignation car les acteurs semblent subir sans rien dire les changements et de la politique de G.D.S. La phase d’intégration risque de prendre un peu de temps car une partie des cadres est en poste depuis longtemps dans cette clinique et vit un peu dans la nostalgie du passé. Seul un renouvellement des cadres imprégné de la nouvelle culture du groupe pourra accéléré l’intégration. »

La phase d’intégration qui se décompose en deux parties (conceptuelle et comportementale) est en partie réalisée. La phase d’intégration conceptuelle est en place, l’imposition de norme par le siège ne laisse pas d’autre choix aux acteurs que de se plier à ces règles et d’intégrer les nouveaux concepts.

               Quant, à la phase d’intégration comportement, elle n’est pas encore acceptée car les différents employés qu’ils soient cadre ou non, ne se sentent pas appartenir à un groupe, ils sont salariés de la clinique et font partie uniquement de celle-ci.


2.2. Les actifs proactifs, passifs et opposants

               Trois types d’acteurs peuvent être distingués dans un projet de conduite du changement : les décideurs (à l’origine du changement), l’équipe projet (conçoit, gère et réalise le changement), les utilisateurs/bénéficiaires qui représentent tous les acteurs concernés par le changement. Les lieux de résistance ne sont à priori pas dans les deux premiers groupes qui sont les promoteurs du changement. Les résistances au changement se trouvent plus souvent chez les utilisateurs qui n’ont aucun intérêt à promouvoir le changement. Trois types de comportements peuvent être distingués :

·         Les proactifs sont favorables au changement et se positionnent comme prescripteurs. On estime qu’ils représentent 10% des acteurs concernés.

·         Les passifs sont en attente d’un résultat probant. Ils veulent être sécurisés. Ils représentent la majorité des utilisateurs, soit environ 80%.

·         Les opposants, qui représentent 10%, sont contre le projet et avancent systématiquement des arguments contre.

« Je l’ai plutôt porté en tant qu’acteur subissant ce rachat plutôt qu’acteur réalisateur du changement. A mon niveau aucune consultation n’a été mise en place, on nous a juste redéfini nos postes et replacé dans la hiérarchie du groupe, en nous précisant quel serait notre nouveau rattachement hiérarchique. »

            Il est très important que les leaders que l’on voit se dégager naturellement soit intégré dans le changement pour être immédiatement des acteur proactifs. Le soutien des leaders naturel, encore plus quand ils sont responsables de service pourra servir à accélérer l’acceptation des acteurs passifs.

            Un leader ne doit surtout pas se retrouver dans la catégorie des opposants. Cela pourrait créer un effet de groupe et bloquer totalement le changement au sein d’un service. Le blocage d’un service pourrait poser de grave problème pour la bonne gestion d’un établissement.

            Des le début, il faut donc mettre en confiance les leaders, leur donner une place entière dans la conduite du projet et ainsi montrer, véhiculer l’intégration de l’établissement au sein du groupe. Par effet de mimétisme les autres acteurs souhaiteront s’intégrer aussi bien et auront la sensation de participer à un projet important.
3. Organisation d’un changement

3.1. Piloter le changement

Piloter un changement passe par des étapes successives comme son annonce, son anticipation, la compréhension des différentes phases et leur gestion.

L’annonce représente un travail important et délicat car elle est comprise à travers un filtre individuel de perception qui conditionne le déroulement du processus. Tout annonce de changement à valence négative déclenche le processus des cinq phases. L’annonce doit pas conséquent être exhaustive, factuelle, précise afin de montrer aussi bien les valeurs du changement que son prix. Une annonce partielle peut s’avérer catastrophique même pour un interlocuteur pour qui cette annonce est proche de ses aspirations. La qualité de l’annonce a pour objectif soit l’intégration du changement directement, soit indirectement par le processus des cinq phases.

Anticiper c’est prévoir, réfléchir à l’avenir afin de décider d’actions dans le présent en tenant compte de l’évolution des sources externes du changement. Pour cela deux méthodes sont possibles :

·         La recherche active qui repose sur le principe de management participatif. C’est faire réfléchir un groupe de personnes sur les hypothèses du changement. Les protagonistes du changement vivent à ce moment les mêmes phases mais de façon moins pénible. Il doit s’agir d’hypothèses et non décisions pour instaurer un climat de confiance. Cette méthode permet de réduire la pénibilité du processus de changement, d’éliminer les hypothèses non viables et d’élargir les perspectives. En contre partie, il y a une perte de temps, une perte de pouvoir et de contrôle de l’initiateur du changement.

·         La métalogique (logique de discussion) qui a pour objectif d’atteindre le consensus, l’adhésion du groupe.

La gestion individuelle du changement passe par la reconnaissance de la progression d’un individu d’une phase à l’autre en vue d’un objectif commun qui est l’intégration. C’est le dialogue qui permet le mieux d’ajuster et d’influencer les perceptions.

Dans le cadre d’un changement collectif, les réactions du groupe sont plus marquées. Le potentiel de résistance est proportionnel à la taille du groupe. Les aspirations d’un groupe sont plus grandes que la somme des aspirations des individus qui le compose. L’annonce du changement sera filtrée sur les mêmes paramètres que la gestion individuelle.

Dans cette démarche collective, la compréhension passe par la clarté de l’annonce. Si un membre du groupe comprend, il prendra le relais du pilote auprès de ses pairs. L’inertie est la forme privilégiée de résistance d’un groupe. Il faut faire émerger un leader avec qui nous pourrons dialoguer sur le contenu et les buts du changement. Le leader peut argumenter pour le changement avec les membres du groupe contrairement au pilote.


3.2. Risques et facteurs d’échec de la conduite du changement

Lors d’intervention de conduite du changement, trois principaux risques ont été identifiés : L’équipe de conduite du changement peut ne pas être suffisamment intégrée ou encore le travail de conduite du changement peut se limiter à faire de la formation ou de la communication.


               3.2.1. Mauvaise intégration de l’équipe de conduite du changement

               Une des phases délicates est l’intégration de l’équipe de conduite du changement avec l’équipe projet, qui peut parfois interpréter les interventions de conduite du changement comme superflues. Les rôles doivent clairement être définis : les équipes fonctionnelles définissent le processus cible et l’équipe de conduite du changement prend le relais en définissant, à partir des écarts entre la situation actuelle et la cible, les actions à mener en terme d’organisation.

               Une collaboration avec les ressources humaines doit également exister, formations liées aux projets à intégrer au plan de formation de l’entreprise, redéfinition de certains postes en accord avec les pratiques. De plus, les ressources humaines doivent valoriser l’expérience projet des personnes ayant contribuées au projet.

« Je l’ai plutôt porté en tant qu’acteur subissant ce rachat plutôt qu’acteur réalisateur du changement. A mon niveau aucune consultation n’a été mise en place, on nous a juste redéfini nos postes et replacé dans la hiérarchie du groupe, en nous précisant quel serait notre nouveau rattachement hiérarchique. »

               Le problème apparent, est le manque d’implication d’un responsable de service dans le rachat de sa clinique. Le problème est d’autant plus important car étant cadre, il est amené à superviser une équipe et à véhiculer l’image de la société à travers son leadership. Il s’agit d’un élément type qui peut faire obstacle à la bonne réalisation du changement.


               3.2.2. Se limiter à la formation

               Lors de l’élaboration du plan de formation du projet, l’entente entre les opérationnels et l’équipe projet est importante et indispensable. En effet, les formations ne doivent pas se concentrer que sur l’outil, mais également sur les métiers, les modes de fonctionnement et les procédures. L’analyse des écarts de compétences est également une nécessité afin de définir le mode de formation, le rythme et le contenu. Une bonne formation doit se dérouler dans un contexte sain : il faut assurer que les participants connaissent le projet, comprennent leur rôle futur, l’organisation cible et, c’est le rôle de la communication, de diffuser largement les messages nécessaires. Le contenu des formations doit toujours aborder le pourquoi (les procédures) et son environnement avant le comment. En effet, les stagiaires doivent être capables de rattacher la manipulation du nouvel outil à la réalité de leur quotidien. L’équipe projet doit correctement évaluer et anticiper le temps nécessaire au développement des supports de formation, tout comme le mode de formation qui doit être adapté au nombre de personnes concernées, au volume de compétence à faire progresser et au délai disponible. Le choix du formateur doit être fait avec attention. Tous ces facteurs doivent être pris en compte afin que la formation joue correctement son rôle de levier.


3.2.3. La difficulté de passer d’une communication individuelle à une communication collective

               Au cours de gros projets de conduite du changement, la communication n’est pas chose facile. C’est d’ailleurs quand il faut faire évoluer le gros des troupes que les consultants rencontrent des problèmes. En effet, quand un grand nombre de personnes devant être informées, il est nécessaire qu’une personne dédiée au sein de l’équipe projet systématise et maîtrise la communication.

« Je pense qu’en terme d’image aux yeux du personnel mon rôle de leader s’est renforcé car j’étais pour eux un relais descendant et remontant avec la nouvelle hiérarchie. Au moment du rachat mon rôle de cadre de proximité a été très important pour rassurer les équipes sur l’avenir car dans cette situation on se retrouve avec les rumeurs habituelles « licenciement de masse, départ, fermeture de site… ». Mon rôle a donc été de rassurer le personnel et aussi de savoir montrer à ma hiérarchie que j’étais un leader naturel. »

               A travers cette explication, la communication collective est effectuée par un responsable de service qui va s’imposer comme un leader nature et qui va permettre de communication de terrain plus simple. Cette communication sur le rachat est faite par une personne en interne car elle sera plus a même de comprendre et d’être écouté par le personnel.

               La communication doit être proactive, son rythme et sa progressivité maîtrisés. Les modes de communication retenus doivent être en accord avec la ou les cibles identifiées lors du diagnostic. Divers supports peuvent ainsi être utilisés, volontairement redondants, afin de toucher la totalité de la cible. Le porteur du message ne doit pas toujours être le management, des interviews d’opérationnels doivent être communiqués. En début de projet, les messages diffusés doivent être simples et présentés les objectifs, le pourquoi, les enjeux du projet et ses grands traits afin qu’ils soient comprise par tous. Au cœur du projet, la communication doit surveiller et faire évoluer l’image que les personnes ont du projet. En fin de projet, les messages se font moindre, aussi doivent-ils être percutants. La communication est très importante dans un projet de conduite du changement, mais malheureusement rarement suffisante.

« Les consignes concernant ce rachat étaient plus ou moins implicites car la clinique a pour habitude de ne pas exposer ce genre d’information. Les consignes à notre niveau viennent du directeur de la clinique qui a voulu que l’on continue notre activité comme si de rien n’était pour que cela est un impact minimum sur l’ensemble du personnel. »

               Ce choix de minimiser le changement dans une situation de rachat peut être une bonne stratégie pour ne pas choquer le personnel, en choisissant cette méthode on introduit progressivement le changement. Mais, attention, cette stratégie peut aussi donner le sentiment que l’on souhaite divulguer des informations. Certes une mauvaise communication peut être nuisible au changement mais ne pas communiquer du tout est très risqué. Faisant maintenant partie d’un grand groupe, les salariés risquent d’avoir des informations par des personnes extérieures, informations qui ne seront pas toujours juste pouvant ainsi crée très rapidement des rumeurs nuisibles à l’ambiance, ce qui retarderait à terme la phase d’intégration.

Des équipes de conduite de changement avec un positionnement mal défini, des formations qui se bornent à ne former que sur l’outil ou alors une communication en inadéquation avec sa cible sont des travers que peuvent rencontrer les projets de changement, d’où la nécessité de bien comprendre les mécanismes du changement.

« Non, je ne pense pas qu’il y ait eu une réelle politique de conduite du changement. Chaque acteur a été libre de le mener lui-même au sein de son service. Dans le travail quotidien immédiat ce changement n’a pas été ressenti immédiatement. »

Tout le risque est présent dans cette situation, où chaque responsable de service est libre de mener lui-même ce changement. On peut penser que cela est fait pour ne pas court-circuiter le rôle de leader qu’occupe chaque responsable dans son service mais le problème est surtout dans l’harmonisation de la méthode. Car si chaque responsable de service décide trop librement de la façon dont il va mener la conduite du changement et des informations qu’il doit divulguer cela va créer des inégalités entre service qui vont vite apparaître dans les conversations informelles que peuvent avoir les différents acteurs.


Cet exercice, m’a permis de constater les différences qu’il peut y avoir entre la théorie et la réalité du terrain. Lors de l’interview, j’ai pu observer toute la difficulté de mener et d’analyser un changement organisationnel.

Dans la partie théorique on peut voir comment mettre au mieux en place un changement, pour que celui-ci soit accepté. Mais de façon concrète les personnes (leaders) qui vont avoir à mener cette réorganisation ne sont pas forcement les décideurs du changement, ils le subissent. Et c’est en ce point que toute la difficulté du rôle de leader réside car la marge de manœuvre qu’on leur laisse est très limitée. Lui-même déjà confronté à un changement qui le touche, le leader doit réussir très rapidement à prendre du recul, passé très vite dans la phase d’intégration ou tout du moins à le faire croire, pour pouvoir guider le reste du personnel dans cette démarche qui fait souvent peur car mystérieuse par manque de communication.

Il est très important pour un leader de s’avoir identifier la vision que va avoir l’ensemble des acteurs vis-à-vis du changement pour pouvoir lui-même s’adapter et adapter son mode de communication.

Par la suite l’apparition des proactifs, passifs et opposants permet aux différents leaders de trouver des relais de communication et permet d’apporter une attention particulière aux opposants du changement.

Les différentes phases psychologiques du changement sont des éléments clés que le leader devra remarquer. L’interview et mes différentes discutions avec d’autres acteurs m’ont permis de voir l’importance de ces phases et le décalage qu’il pouvait y avoir d’un individu à l’autre. Il est important pour le leader d’être patient, d’accepter ce décalage et de comprendre les raisons qui font que ces phases avancent de façon décalée.

Le leader se retrouve alors à piloter l’intégralité du changement à travers son annonce, sa compréhension et sa gestion.

L’interview m’a montré que pour bien piloter un changement, il fallait un bon leader, maîtrisant par lui-même les différents outils du changement. La particularité d’un responsable informatique est que le coeur de son métier est basé sur le changement. Un domaine comme l’informatique est en perpétuel mouvement qui tant vers la réalisation de projet en équipe de façon pluridisciplinaire. Un responsable S.I. a donc une facilité d’adaptation. Il pourra piloter un tel projet en dégageant une confiance naturelle que n’aurait pas forcement un autre responsable de service peut habituer à la gestion de projet.

Cependant, une réserve est à formuler, car il ne faut pas banaliser le changement et le réduire à quelques modifications de procédure. L’impact sur l’humain est ici très important, un responsable S.I. aura un rôle intéressant pour sa technique dans la gestion de projet mais devra être aidé. Il pourra être très bon pour piloter le changement, car il sera rétro planifier une telle tâche mais il est aussi très important de lui adjoindre un leader communiquant sur l’aspect humain.

Cet exercice m’aura donc conforté dans l’idée que lors d’un changement organisationnel de taille, il faut co-piloter le projet. Un pilote technique, pour planifier de façon concrète le projet et un pilote communiquant (R.H.) qui sera plus proche des autres acteurs pour accompagner psychologiquement le changement.



BIBLIOGRAPHIE


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·         CARTON GERARD-DOMINIQUE. Eloge du changement. Village Mondial, 1999.

·         DUPUY FRANCOIS. L’alchimie du changement. Dunod, 2001.

·         FAURIE CHRISTOPHE. Conduite et mise en oeuvre du changement. Maxima, 2003.

HENRIET BRUNO. Leadership et management. Liaisons, 1993